Le CERN auprès des territoires

Nous avons posé trois questions à deux acteurs du territoire, en France et en Suisse, travaillant au quotidien avec le CERN.

VU DE FRANCE …

3 questions à Jacques Dupoyet, président d’Alfa3a

Votre association à vocation sociale, notamment en matière de logement, est en relation avec le CERN de longue date. De quelle manière ?   

Les relations entre alfa3a et le CERN datent du début des années 1970, juste après la création de notre organisme dont l’objet initial était de gérer un dispositif de résorption de l’habitat insalubre, et de lutter contre l’habitat indigne dans le département de l’Ain. Si l’évolution d’alfa3a nous a conduit à en élargir largement le champ tant sur le plan géographique, que sur la nature des actions menées, c’est bien cette mission de service public d’origine qui nous a amené à travailler en étroite collaboration avec le CERN, au demeurant membre à part entière de notre association. 

Dès cette époque, nous avons réalisé avec un bailleur social du département, à Saint Genis-Pouilly, près du site du CERN à Meyrin, un premier foyer-résidence de 230 chambres, avec un bâtiment de 80 aménagé pour des chercheurs du CERN, les 150 restantes étant affectées pour l’essentiel aux employés des entreprises travaillants pour le compte du CERN.

Forts de cette première expérience, dès 1981, nous avons poursuivi et intensifié notre compagnonnage avec le CERN à la faveur du projet du LEP, en participant à ses côtés, avec l’Etat français et les collectivités locales du Pays de Gex aux réflexions permettant l’accueil de centaines de nouveaux arrivants pour la réalisation de ce nouveau grand chantier. Dans ce cadre nous avons eu aussi à développer des actions de formation en Français Langue Etrangère pour les travailleurs étrangers employés sur ce chantier, puis à accompagner, en lien avec les services de la Direction du Travail et de l’Emploi du Département de l’Ain, leurs départs du Pays de Gex au terme de leurs missions.

Ces relations auraient-elles vocation à se poursuivre ou à se développer à l’avenir, et dans quel domaine ?

Suite à ce très beau chantier, nous ne pouvons que rendre hommage à la très grande qualité des personnes du CERN, mais également des élus et des représentants des services de l’Etat ayant eu la charge de sa préparation. Au-delà de nos relations actuelles de simple service logement avec le CERN, nous sommes bien évidemment totalement prêts à relever de nouveaux défis à son service, ne serait-ce que pour renouveler notre expérience LEP dans le futur programme FCC. 

Quels enseignements pouvez-vous tirer de ces liens entre le CERN et le territoire ?

Le CERN est une chance pour le Pays de Gex, notre Département et notre Région. Nous sommes loin côté français d’avoir su en évaluer tout l’intérêt ne serait-ce, au-delà de la recherche fondamentale, qu’en matière de retombées économiques potentielles, y compris sur le plan industriel, pour développer brevets et savoir-faire développés par cette institution. Le programme FCC est sans conteste une belle opportunité pour ce faire, saisissons-là !

VU DE SUISSE …

3 questions à Sandrine Schütt Biolluz, coordinatrice de discipline EP – Sciences de la nature au Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse de la République et Canton de Genève

Vous êtes depuis plus de 10 ans en relation avec le CERN, dans le cadre du projet Dans la peau de scientifiques. En quoi consiste-t-il ?

Dans la peau de scientifiques est développé en collaboration entre le CERN, l’Université de Genève et les académies nationales françaises de l’éducation (Ain et Haute-Savoie). Chaque année, une trentaine de classes genevoises et de France voisine recherchent les caractéristiques des éléments contenus dans des boîtes mystères par analogie aux travaux menés au CERN sur des particules invisibles. Le projet vise à développer la démarche d’investigation des élèves, tout en sensibilisant aux questions de genres dans les métiers scientifiques.

En plus de ce projet qui continue à rencontrer un franc succès au fil de toutes ces années, le CERN propose depuis quelques temps la visite de scientifiques, principalement des femmes, dans les classes des écoles primaires. C’est l’occasion de présenter leur métier et vulgariser leurs recherches pour les rendre plus accessibles aux élèves dès 8 ans.

Ces relations auraient-elles vocation à se poursuivre ou à se développer à l’avenir, et dans quel domaine ?

L’ouverture du Portail de la Science présente une nouvelle opportunité pour les classes genevoises de découvrir l’univers du CERN. La volonté de vulgarisation et celle de rendre les recherches et avancées scientifiques plus accessibles et visibles au grand public représentent une richesse inestimable pour nos élèves genevois. 

Renforcer les synergies entre le CERN et les classes contribue à intégrer une visite du monde scientifique dans le parcours scolaire de l’élève.

Quels enseignements pouvez-vous tirer de ces liens entre le CERN et le territoire ?

Les collaborations menées avec les équipes du CERN sont toujours dynamiques et d’un grand professionnalisme. Je ressens une réelle volonté de partager leurs connaissances, leurs infrastructures et leur savoir-faire avec un constant souci d’amélioration et de communication.

Nous avons aujourd’hui une chance immense d’avoir sur notre territoire un organisme mondialement connu et reconnu. Les avancées scientifiques du CERN en recherche fondamentale devraient éclairer et outiller les réflexions de notre société en trouvant un équilibre entre développement et écologie pour nos générations futures.